C’est en tant que citoyen qui a grandi avec vos Arts Martiens que je vous écris.
Vos œuvres, vos critiques, votre vision m’ont permis entre autres de regarder autrement notre société, de comprendre l’effet des inégalités, de la loi de la jungle dans cette forêt de ciment que sont devenues nos villes comme exemple de réussite de notre société. Et cela même si je suis probablement né sous une bonne étoile.
Et je continue à vous écouter, presque tous les jours, jusqu’à votre Quatrième Vague.
C’est bien pour vos prises de risques, votre constance et votre distance du star system, qu’alors que mon coeur était à Paris, mes rimes étaient à Marseille.
Je suis heureux de vous revoir vous lever une nouvelle fois pour contester des inégalités que vous trouvez injustes, des décisions qui réveillent votre conscience.
Le débat politique, la critique de la société est saine. Mais je vous en conjure ne confondez pas les décisions politiques, le gouvernement, et les soignants qui sont sur le terrain tous les jours. C’est ce mélange qui aujourd’hui vous fait dire l’inverse de ce pourquoi tous ces soignants se battent pour depuis tant d’années.
Dans vos mots je lis les mêmes désinformations que je lis dans les pires sites d’extrême droite.
Si nous voulons voir un printemps superbe à nouveau fleurir, vous devez pouvoir sortir de ce mélange, et écouter les médecins, les vrais. Il est possible de combattre des décisions gouvernementales, tout en écoutant la science. Il est possible de ne pas accepter les décisions politiques, mais avec les bonnes raisons scientifiques. La pédagogie sera toujours plus forte que la coercition.
Vous dites que vous avez votre conscience comme seule médaille, et c’est à celle-ci que j’essaie de parler.
A chacune des informations que vous pensez être vraies et que vous indiquez dans votre tribune, je vois derrière encore les mêmes têtes. Et les mêmes vices, la même bête. Celles de ceux qui, en pensant réinformer, mettent en danger la vie de citoyens comme vous et moi. Et cela m’a fait mal, à chaque mot de votre tribune.
Je suis aujourd’hui choqué d’entendre votre voix être en harmonie avec celles que vous attaquez depuis 30 ans, celles de l’extrême droite, du fascisme, du populisme.
Je vous prie d’écouter les mêmes médecins qui manifestent depuis 20 ans pour leurs hôpitaux, qui aujourd’hui n’ont pas le temps de le faire car ils sont pris à l’hôpital depuis presque 2 ans pour une crise qu’ils n’auraient jamais imaginé vivre et qui n’en finit pas. Ce sont les mêmes que je vous demande d’écouter.
Vous indiquez le rapport de l’ATIH, mais vous oubliez les parties les plus importantes, 20% des jours de réanimations en 2020 (plus en réalité) n’ont été le fait que d’une seule maladie. Pendant les vagues, entre 50% et 100% des lits ont été occupés par des patients COVID, pour des durées bien supérieures aux autres convalescences. Malgré toutes les mesures prises, malgré la réorganisation et la mobilisation de l’hôpital. Et de ceux-là, les 2/3 ont survécu. La majorité des décédés n’ont pas eu cette chance de pouvoir passer en réanimation.

Le manque de personnel est évident, mais un passage en réanimation ne laissera personne indemne. Voulons-nous plus de personnes avec des handicaps à vie ? Notre hôpital a sauvé des centaines de milliers de personnes, mais à quel prix ?
Comme vous le savez, nous ne sommes pas tous nés sous la même étoile, mais la portée de vos paroles résonne encore plus fort pour les différences entre les étoiles des pays défavorisés et nos pays riches. Nous subissons un biais bien trop présent dans notre société, celui d’avoir un système de santé robuste et organisé. L’Inde est souvent mise en avant comme une réussite grâce à des “traitements précoces” (j’y reviendrai) mais la réalité est toute autre. Le système administratif et hospitalier a été incapable de suivre la crise, et les données officielles n’ont pu comptabiliser que 10 à 20% des décès réels. Le chiffre réaliste le plus bas est aujourd’hui de 3 millions de décès. Et ce n’est pas nouveau, certaines régions n’ont toujours que 20% de leur certificats de décès avec une cause.
La majorité des décès n’ont pas pu atteindre l’hôpital, et s’ils l’ont pu, n’ont pas pu accéder aux soins les plus basiques. Vous avez eu la chance d’avoir eu de l’oxygène pendant votre passage à l’hôpital, en Inde les gens faisaient la queue pour avoir ce qui nous semble une évidence, tout simplement de l’air pour pouvoir respirer.
Notre hôpital a donc pu sauver des centaines de milliers de personnes avec des soins qui nous semblent aujourd’hui acquis. Mais vous nous parlez de soins qui n’auraient pas été donnés, de traitements précoces. Ce sont ces traitements qui sont mis en avant pour prouver la réussite en Inde et n’ont eu, comme nous venons de le voir, aucun effet sur l’épidémie. Toutes les études sérieuses ne démontrent aucun effet positif de ces traitements, que cela soit pour l’ivermectine ou pour l’hydroxychloroquine.
Pire encore pendant que tous les regards étaient tournés sur le LancetGate, fraude avérée et décelée rapidement par le monde scientifique, le même groupe Surgisphère a également été à la base d’une fraude indiquant que l’Ivermectine fonctionnait sur la COVID-19, qui a eu un effet dévastateur en Amérique Latine, notamment au Pérou. Pérou qui est devenu peu après le pays avec le pire bilan de la pandémie.
Les médecins que vous ne voyez pas, qui passent leur vie à l’hôpital en veulent autant au gouvernement qui les a laissé tomber qu’aux désinformateurs.
Mais celui qui doit avoir le plus d’influence, celui que vous avez dû écouter, celui qui traîne la reput’ de Mars sur ses épaules est bien le druide des calanques.
Partout dans le monde, on reconnaît maintenant le style du Bad Boy de Marseille. Il est coauteur de l’une des plus mauvaises publications de l’année 2020, et n’importe quel étudiant en statistique peut le voir. Il est également en partie responsable de l’un des plus gros scandales médicaux du Brésil. Encore un pays qui pensait que les traitements précoces fonctionnaient, et qui est en tête du nombre de décès. Nos propres institutions sont totalement à la rue pour contrer sa désinformation, ce qui donne une impression de validation scientifique. En réalité, il est la risée (et la France avec) du monde scientifique.
Votre combat pour une meilleure démocratie, pour faire face à la crise écologique et sociale est juste, mais une partie de tout homme la force manipule, d’un rien il suffit pour que l’être bascule, et il semble que vous avez suivi ces djouns qui rampent à ciel ouvert, pendant que les vrais médecins, les vrais scientifiques, sont à couvert.
Je ne peux pas concevoir de lire sous votre plume des contre-vérités comme “Pourquoi les variants dominants sont tous apparus dans des pays soit avec une couverture vaccinale importante, soit avec une industrialisation forte, soit les deux ?” alors qu’ils sont littéralement, pour les plus importants, apparus avant même les campagnes de vaccination et surtout dans les pays où l’on a laissé circuler le virus et souvent chez les plus démunis.

Je vous vois citer VAERS, et tout comme moi vous n’êtes pas un spécialiste, nous faisons de l’ultracrépidarianisme et je vous invite à lire Le Goût du vrai d’Étienne Klein sur ce sujet.
VAERS n’est pas un indicateur, il est un recueil.
Je vous vois également vanter les mérites du vaccin Sinopharm. Il est difficile de savoir son efficacité réelle, car il n’a passé aucune validation hors de Chine, mais les études internationales que vous citez indiquent une production moindre d’anticorps et les chinois eux-mêmes poussent les vaccins que nous utilisons et permettent des boosters avec les vaccins ARNm .
Il ne s’agit nullement de faire confiance à Big Pharma, dont le seul intérêt est de vendre plus, et pour cela doit vous garder en vie le plus longtemps possible car les produits les plus rentables restent les médicaments pour les maladies chroniques. Ils n’ont aucun intérêt à perdre la face avec un produit dangereux avec autant de visibilité. C’est malheureusement le côté “positif” du capitalisme.
Je ne vous demande pas non plus de faire confiance aux gouvernements des différents pays, même s’ils ont, de n’importe quel bord, pris des décisions proches, ce qui conforte le principe heuristique du Rasoir d’Ockham.
Comme vous le savez, la vérité est masquée, et la science est un arbre, dont la racine est amère et l’fruit doux, la science ne se fait pas sur les plateaux de télévision ou sur YouTube.
Pour la première fois de nombreux articles d’études scientifiques sont en libre accès, et toutes les revues ont voulu accélérer leurs processus de validation, même si cela peut causer également des problèmes .
Mais vous ne retrouverez pas ces articles sur FranceSoir mais sur Pubmed.
Je vous vois citer la Grippe Russe, et je vous invite à lire en entier le lien que vous avez indiqué, notamment la partie sur la désinformation et les traitements fantaisistes, mais également sur les effets très graves de cette maladie.
Je ne vous demande pas de me croire sur parole, je ne vous demande pas de croire les médecins des plateaux télé non plus, mais tout ce que j’ai pu écrire dans cette tribune est factuel, sourcé, expliqué. La science ou la médecine n’est justement pas une croyance. Je vous demande de prendre du temps pour parler avec des médecins, des scientifiques, qui pendant que certains faisaient des millions de vues sur YouTube ou vendaient des milliers de livres de désinformation, ont réellement fait avancer la connaissance scientifique sur le sujet et ont sauvé des vies.
Personne ne joue avec les mêmes cartes, mais si nous avons les bonnes en main, il est plus simple de comprendre la situation actuelle et de s’en sortir, collectivement.
J’espère que vous prendrez mon message comme un encouragement à ouvrir votre horizon, que mon message trouvera au moins une oreille attentive au sein du groupe et si besoin, je serais ravi de pouvoir vous aider à entrer en contact avec ceux qui font, plutôt que croire sur parole ceux qui n’ont pas fait.
Ils vous raconteront tout. Tout ce que vous n’avez pas pu voir, même dans les médias.
Sincerly yours,
One of your fans.
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