Le 26 avril 2022, dans un space(1) Twitter qui a regroupé jusqu’à 400 internautes, la généticienne Alexandra Henrion-Caude a laissé entendre que les vaccins à ARNm seraient à l’origine d’anévrismes. Selon le Vidal, un anévrisme (ou anévrysme) est la dilatation localisée d’une artère, plus rarement, d’une veine, sous forme d’une poche ou sous forme d’un élargissement anormal de l’artère. Les anévrismes du cerveau sont les plus fréquents. Les anévrismes peuvent se rompre : c’est la rupture d’un anévrisme, qui nécessite une prise en charge urgente.
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Pour argumenter sa théorie, la généticienne s’appuie sur le cas d’une jeune femme de 20 ans décédée d’une rupture d’anévrisme 4 jours après l’injection d’un vaccin à ARNm.
Nous avons soumis cette théorie au professeur Mathieu Molimard, Chef du Service de Pharmacologie Médicale du CHU de Bordeaux.
“Physiopathologiquement et pharmacologiquement impossible !”
“Il est impensable qu’un anévrisme puisse se former et rompre en quatre jours. D’un point de vue pharmacologique et physiopathologique, c’est impossible qu’un vaccin puisse être à l’origine d’un anévrisme” nous déclare par téléphone le professeur du CHU de Bordeaux. Mais alors comment expliquer un tel évènement indésirable et combien ont été recensés ?
A cette question, le Pr. Molimard répond : “Dans de rares cas, une hyper tension artérielle transitoire peut être observée post vaccination. Cette dernière régresse en quelques jours et est sans conséquence pour le patient. Mais dans tous les cas de rupture d’anévrisme survenus post vaccination, les anévrismes étaient déjà préexistants et sont arrivés indépendamment de la vaccination. En aucun cas il ne s’agit d’une causalité” . Il ajoute enfin que les effets secondaires du COVID-19 sont plus importants que ceux de la vaccination notamment en ce qui concerne les myocardites, les péricardites ou encore l’hypertension.
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De plus, aucun cas de rupture d’anévrisme causée par la vaccination n’a fait l’objet d’un signal particulier auprès de l’ANSM. (Voir ICI son dernier rapport). L’agence relève bien des cas d’hypertension artérielle, mais les données recueillies sur la période n’apportent pas d’élément nouveau concernant le signal relatif à cet effet. Elle précise que ces cas d’hypertension artérielle continuent de faire l’objet d’une surveillance spécifique et sont partagés au niveau européen.
Des maladies augmentées par la 5G ?
Toujours dans le même space, la généticienne est interrogée par un internaute sur les maladies augmentées par la 5G. Cette dernière déclare : “Un article montre le chevauchement extraordinaire qu’il y a entre la symptomatologie COVID et les effets de la 5G […] il y a consensus en la matière […] On a vu des 5G installées en plein confinement […] Pourquoi aurait on besoin d’installer dans l’urgence d’un confinement de la 5G quand les gens ne peuvent pas aller faire leurs courses ?” .
La rédaction a tenté de contacter Alexandra Henrion-Caude sur Twitter pour lui demander à quel article elle faisait référence, mais elle ne semblait pas disposée à répondre à nos questions.
Concernant “le chevauchement extraordinaire qu’il y a entre la symptomatologie COVID et les effets de la 5G“, l’ancien employeur de la généticienne, l’INSERM, a déjà répondu à cette question dans un article ICI. L’auteur de l’article conclut : “Il convient donc de prendre du recul par rapport à ces publications : dans le cadre des réglementations actuelles, nous sommes très loin d’être exposés à des niveaux de rayonnement électromagnétique pouvant provoquer d’éventuels effets thermiques sur l’organisme. Notre exposition à ces ondes n’a pas d’impact sur le système immunitaire et ne peut être mise en cause dans la diffusion de l’actuelle pandémie” . Il n’y a donc à ce jour aucun consensus.
Enfin, concernant la dernière question, “Pourquoi aurait on besoin d’installer dans l’urgence d’un confinement de la 5G quand les gens ne peuvent pas aller faire leurs courses ?, l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) a publié en 2018 la feuille du route du gouvernement sur le déploiement de la 5G en France. Feuille de route présente ICI . Pour en savoir plus sur la 5G, rendez-vous ICI.
Conformément à ce qui a été annoncé en 2018, le déploiement de la 5G dans les grandes villes était déjà prévu pour 2020.
(1)Space : Espace de discussion audio entre les utilisateurs de Twitter.
Fact-Check
Affirmation : Les vaccins ARNm peuvent créer des anévrismes.
Verdict : Faux. Les cas de rupture d’anévrisme survenus post vaccination étaient déjà préexistants et sont arrivés indépendamment de la vaccination.
Article mis à jour le 27.04.2022 à 16h14 : ajout d’une source de l’ANSM en bas de l’article
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