Décoder l’éco est une chaîne YouTube qui a vu le jour en 2011. Depuis le début de la crise sanitaire en 2020, Pierre, son propriétaire, décrypte et analyse les données chiffrées sur la pandémie et la vaccination. Sa dernière vidéo en date intitulée : “Les leçons à tirer d’Israël” fait l’objet de nombreuses erreurs d’interprétations. Elle a également fait l’objet d’un article dans France Soir signé par l’auteur de la vidéo 1 semaine avant sa diffusion.
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Depuis quelque temps, il est devenu la nouvelle égérie des complotistes et des désinformateurs. Que vaut vraiment sa dernière analyse chiffrée sur la vaccination en Israël où il affirme qu’il existe “des liens de causalité entre les injections et la hausse de la mortalité” .
Les affirmations contradictoires
Simple question rhétorique : Si des liens de causalité existent entre la vaccination et les décès, pourquoi n’y a-t-il pas de surmortalité globale malgré les 14,6 millions d’injections ? Sachant que 61,5% de la population israélienne possède un schéma vaccinal complet (2 doses). Pour l’auteur, il n’y a pas de surmortalité en Israël sur la période COVID, mais il y en aurait une sur la période de vaccination. Comme si les deux périodes étaient distinctes l’une de l’autre.
La rigueur statistique
L’ensemble des données collectées et présentées par le vidéaste sont justes mais incomplètes. Où sont les décès COVID de moins de 60 ans non vaccinés depuis janvier 2021 ?
En nous rendant aux mêmes sources que Décoder l’éco, nous avons pu trouver ces chiffres indispensables à la compréhension de la situation en Israël :
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En bleu, les non vaccinés. Vert clair, les vaccinés 2 doses. Vert foncé, les vaccinés 3 doses. Ainsi, de janvier à avril 2021, la majorité des décès COVID de moins de 60 ans était des individus non vaccinés.
Pourtant, Décoder l’éco tente de faire croire l’inverse aux internautes :
En bleu le nombre d’injections, en orange, la mortalité. Absolument rien ne permet d’établir un quelconque lien dans ce graphique entre les décès et la vaccination. Le graphique affiché plus haut montre plutôt l’inverse. Ce sont pourtant les personnes n’ayant reçu aucune dose qui furent les plus impactées par le COVID.
Pierre se base donc sur ce graphique pour affirmer que “ce lien est un fort indice de causalité entre injections et hausse de la mortalité” . Ou encore que “la mortalité des 20-29 ans est totalement exceptionnelle“. Tout en omettant les données du ministère de la santé sur les décès COVID non vaccinés. De plus, les pics de mortalité des 20-29 ans en avril et des 30-39 ans en juin viennent contredire ses affirmations. Mais nous ne sommes plus à une contradiction près.
Pour le vidéaste, toutes les courbes de décès décroissent avec la baisse des injections. Ce qui est factuellement faux.
Les graphiques présentés dans la vidéo sont bien disponibles dans la description de cette dernière. Les chiffres sont présents dans un onglet objectivement nommé “Mortalité vaccinale” .
La période vaccinale
Ce que le vidéaste appelle la période vaccinale correspond en fait à la période du pic épidémique.
A en croire l’auteur du graphique (celui du haut), la période vaccinale ne se serait étendue que de février à avril. Ce qui est faux, elle a débuté en décembre et est encore en cours aujourd’hui. En revanche, aucune allusion de sa part à la deuxième vague épidémique. Comment analyser convenablement un pic de mortalité en faisant fi d’une pandémie ? Corrélation n’est pas causalité.
Il n’y a pas d’hécatombe
Sur France Soir comme dans sa vidéo, l’auteur déclare : “En Israël, comme partout en Europe, on ne peut trouver de justification aux politiques restrictives mises en place sur la base d’une augmentation inhabituelle des décès uniquement due à un nouveau virus. Il n’y a pas d’hécatombe” . Moins prononcé en Israël effectivement, il y a toutefois eu des excès de mortalité très nets dans certains pays d’Europe, dont la France. Source : INSEE. Ou encore l’Espagne.
Sur les pas d’Alexandra Henrion-Caude
En mai 2021, la généticienne Alexandra Henrion-Caude faisait déjà état de cette même causalité imaginaire lors d’une intervention sur C8. Cette fake-news a déjà été démontée par LCI.
L’âge médian de la population israélienne est estimé à 30 ans. Notons également que l’auteur passe d’une “mortalité exceptionnelle” à une faible hausse de mortalité chez les jeunes dans son résumé.
De plus, la mortalité des jeunes n’est pas si “exceptionnelle” que cela.
Décoder l’éco ou Cum hoc ergo propter hoc
Aussi appelé effet cigogne ou rupture de corrélation, ce sophisme consiste à conclure en une causalité entre deux évènements corrélés. Une erreur particulièrement présente en sciences et en statistique ces derniers temps.
A cela s’ajoute le sophisme de la cause unique. En affirmant que la vaccination serait la seule cause unique d’une surmortalité chez les jeunes israéliens, Décoder l’éco fait fi de toutes les autres causes. De plus, cette causalité n’est pas avérée.
Le statisticien semble prêter une attention particulière aux différents biais qui pourraient fausser les analyses. En omettant des données, son analyse ne repose au final que sur son biais de confirmation. Avoir une opinion et ne l’argumenter qu’à travers des données parcellaires et hors contexte. En janvier déjà, les Décodeurs du Monde avaient déjà relevé de nombreuses approximations chez le statisticien. Ils concluront leur article part : “Les raisonnements qui continuent de nier la gravité de l’épidémie occultent le fait que le bilan de cette dernière ne se résume pas aux morts” .
Article modifié le 17.09.2021 : ajout des statistiques EUROMOMO
Edit du 21.09.2021 : Droit de réponse de Décoder l’éco sur France Soir.
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