En apparence, il s’agit d’une petite association de médecins banale, comme il y en a tant aux Etats-Unis : l’Association des Médecins et Chirurgiens Américains (AAPS), fondée en 1943, basée à Tucson, Arizona, compte environ 5 000 membres. A peine 0,5% du million de médecins que comptent les USA, et une paille si l’on compare aux plus de 240 000 membres que compte l’American Medical Association, plus grosse association de médecins des Etats-Unis.
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Pourtant, plusieurs membres de cette petite association ont très largement fait parler d’eux depuis le début de l’épidémie de Covid : le Dr Simone Gold, le Dr Stella Immanuelle, le Dr Peter McCullough, la Dr Vladimir Zelenko, le Dr Joseph Mercola, le Dr Lee Merritt… L’association compte par ailleurs parmi ses membres Ron Paul, homme politique républicain et libertarien, plusieurs fois candidat aux élections présidentielles aux Etats-Unis, son fils, Rand Paul, sénateur, ainsi que Tom Price, ancien secrétaire d’Etat à la Santé de Donald Trump. Sa directrice, Jane Orient, a été invitée par le sénateur Ron Johnson à témoigner devant le sénat américain sur les vaccins et la gestion du Covid 19, tout comme Peter McCullough, qui a aussi témoigné devant le sénat du Texas. Une belle visibilité pour une aussi petite association.
Qu’est-ce que l’AAPS ?
L’AAPS a été créée en 1943 par des médecins voulant lutter contre le projet de loi Wagner-Murray-Dingell, qui prévoyait de mettre en place une assurance maladie fédérale qui aurait couvert tous les travailleurs et leurs ayant-droits, moyennant cotisations. Les médecins conservateurs y étaient fortement opposés, et le projet de loi n’aboutit pas.
En 1944, le Time décrit l’AAPS comme une organisation dont le but est « la défaite de toute médecine de groupe gouvernementale ». Le but de l’association n’est pas, contrairement à ce que laisse croire son nom, médical, mais politique.
L’association promeut une liberté totale dans la relation médecin patient, sans intervention de tiers, qu’il s’agisse de l’Etat ou des assurances privées. Son modèle idéal est une relation de marché, comme décrite dans « Common Sense Medecine » (la médecine du bon sens), un essai distribué gratuitement aux membres en juin 2020 : « les soins médicaux suivent les mêmes lois de l’offre et de la demande que tout le reste ». L’association a donc évidemment ardemment combattu tous les systèmes se rapprochant d’une « sécurité sociale », comme le Medicare (le système d’assurance santé américain pour les plus de 65 ans) et l’Affordable Health Act (plus connu sous le nom d’ObamaCare, qui fournit une assurance santé à plus de 32 millions d’américains qui en étaient dépourvus).
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Elle encourage vivement médecins et patients à se dégager de tout système d’assurance (public ou privé), avec par exemple mise en ligne d’un guide pour sortir du MediCare, ou mise en ligne des médecins acceptant les paiements directs.
L’AAPS est bien évidemment opposée à toute recommandation médicale venant de l’Etat, et encore plus à toute interdiction de prescription. Chaque médecin doit-être libre de prescrire absolument ce qu’il veut comme il le souhaite.
La « philosophie » de l’AAPS est parfaitement résumée dans une de leurs résolutions de 2001 : « L’AAPS s’oppose aux interférences, supervision et contrôle des pratiques de la médecine […] ; promeut l’abolition immédiate des lois, régulations, et politiques qui autorisent une supervision directe ou de facto ou un contrôle de la pratique de la médecine par des officiers ou employés fédéraux ; et appelle à un moratoire sur toute future loi, régulations, ou politique qui autorise un contrôle gouvernemental sur la pratique de la médecine. »
L’AAPS est donc de facto opposée à toute interdiction de traitement, ou aux recommandations et obligations vaccinales. Le médecin doit-être totalement libre de traiter et prescrire comme il le souhaite. Elle rejette aussi fortement tout ce qui est lié à l’evidence-based medicine (médecine fondée sur des données probantes, nécessitant des preuves qu’un traitement fonctionne et n’est pas défavorable au patient avant de pouvoir le prescrire), qui limite cette liberté. L’EBM est décrite comme diminuant les opportunités pour les patients, et les RCT (random control trials) sont considérés comme non éthiques, car privant des patients de soin. L’AAPS combat aussi le peer-reviewing, qui selon elle muselle les médecins et entraîne un effet de meute.
Elle souhaite aussi que les médecins puissent eux-même acheter les traitements et les prescrire.
L’AAPS a aussi porté plainte contre l’ordre des médecins du Texas, qui poursuivait certains médecins pour méconduite, et notamment un médecin qui injectait de petites doses de différentes substances chimiques (dont du carburant et du gaz naturel) à ses patients pour les traiter contre la « sensibilité chimique » (le médecin expliquant qu’il s’agissait d’un traitement homéopathique et qu’il injectait à ses patient une « empreinte électromagnétique de carcinogènes »). Le traitement et le logement coûtaient entre 5000 et 10000$. La plainte accusait les membres du board de l’ordre des médecins du Texas de conflits d’intérêts et de « vengeance envers ceux qui parlent ». La plainte n’a pas abouti, mais en 2011, sous pression du l’AAPS, l’ordre des médecins du Texas a perdu la plupart de ses prérogatives.
L’association a aussi défendu Parvaz Dara, un oncologue qui a perdu sa licence après avoir transmis à au moins 29 de ses patients l’hépatite B en ne respectant pas les règles d’hygiène.
Afin d’appuyer ses vues, l’AAPS met généralement en avant les problématiques réelles des systèmes de santé mutualisés : coût et complexité bureaucratique. Une libéralisation totale permettrait selon l’association de diminuer les coûts et augmenter la qualité des soins. Leur modèle de soin est le direct primary care, un modèle où les gens « s’abonnent » à un établissement médical pour les soins de base (médecin traitant, prélèvements…). Les patients paient un abonnement mensuel compris entre 50 et 200$, et ont un accès illimité aux soins. La formule commence à rencontrer un certain succès parmi une clientèle assez âgée et aisée. Concernant les soins non courants, ils ne sont pas pris en charge dans cette formule.
L’AAPS semble donc s’inscrire dans un mouvement libertaire (on compte d’ailleurs dans ses rangs plusieurs hommes politiques de ce courant, en premier lieu Rand Paul). Cependant la liberté, dans cette association, a deux limites : l’argent et la « morale ».
Au niveau financier, l’AAPS explique perpétuellement que le marché libre dans le domaine médical permet de réduire les coûts. Cependant, même s’ils expliquent que « les personnes supportent les coûts de leurs propres erreurs », ses membres militent pour caper les dommages et intérêts en cas d’erreurs médicale à 250 000$ (l’ancien secrétaire d’Etat à la santé de Donald Trump, Tom Price, est le champion de cette cause). L’association a aussi apporté son aide pour le jugement en appel d’un médecin ayant prescrit des doses insensées de narcotiques à plusieurs patients, entraînant le décès de l’un d’entre eux. Sa peine est passée de 25 à 4 ans de prison.
Au niveau de la « morale », l’AAPS y fait régulièrement appel pour justifier ses vues.
La détestation de toute intervention de l’Etat par les membres de l’AAPS est telle que l’association est allée jusqu’à publier en 2011 une lettre de la directrice de l’AAPS de l’époque, le docteur Lee Hieb (qui sera plus tard la candidate au poste de Gouverneur de l’Iowa sous étiquette libertarienne), décrivant le docteur Karl Brandt, médecin personnel de Hitler et en charge du programme d’euthanasie des personnes handicapées, condamné pour crime contre l’humanité à Nuremberg, comme une victime d’un mauvais concours de circonstances, obligé d’agir de la sorte à cause de la « médecine du gouvernement », encourageant les médecins à sortir du Medicare, comparé à la médecine d’Etat nazie. Jane Orient, la directrice de l’AAPS, a collaboré avec le fabricant de tabac Philip Morris afin d’empêcher l’interdiction de fumer en intérieur, et leur revue a publié un article expliquant qu’une augmentation des taxes sur le tabac pourrait avoir un effet délétère sur la santé publique.
Des positions ultra-conservatrices
Si l’AAPS prônent la liberté totale de traitement pour les médecins et une totale non-intervention de l’Etat, elle refuse que ses membres pratiquent l’avortement (considéré comme une liberté dans les mouvements libertaires), déclarant qu’il est contraire au serment d’Hippocrate.
Afin de supporter ses points de vues, l’AAPS publie une « revue médicale », le Journal of American Physicians and Surgeons (JP&S), anciennement appelée le Medical Sentinel.
La revue apparaît dans la Beall’s liste, qui liste les potentielles revues prédatrices. Elle n’est pas répertoriée dans les principales bases de données de revues médicales, telles que Pubmed ou Medline. L’association a demandé à plusieurs reprises à la librairie nationale de médecine américaine d’indexer son journal, ce que cette dernière a toujours refusé.
Elle a régulièrement été épinglée pour diffusion de fake news.
En effet, la revue publie régulièrement des articles censément « scientifiques » permettant de supporter ses vues morales et idéologiques.
Cette revue a notamment publié une étude fantaisiste et unanimement condamnée liant avortement et cancer du sein, ainsi que plusieurs articles niant le lien entre HIV et Sida. D’autres articles parlent des dangers sanitaires et sociétaux de l’homosexualité.
L’AAPS est opposée à l’immigration, l’accusant de détruire le système de santé et d’apporter des maladies. Dans sa revue, elle publie des articles expliquant que les immigrés détruisent le système de santé américain, avec les « bébés ancres », et que les immigrés amènent la lèpre aux USA .
L’AAPS nie par ailleurs que l’activité humaine puisse avoir un impact sur le climat, et a publié plusieurs articles pro armes à feu, publiant par le biais de sa revue des articles vantant leurs bénéfices pour la société afin de dénoncer toute « restriction de liberté » concernant le port d’arme ou la pollution.
L’association compte parmi ses membres républicains de la Chambre des Représentants et du Sénat (Ron Paul, Rand Paul, Paul Broun, John Cockey, Art Robinson…) et finance des candidats aux élections, exclusivement républicains.
Sur son site, l’AAPS n’a pas hésité à publier un article suggérant que Barack Obama avait gagné les élections en utilisant l’hypnose sur les citoyens américains. Le Dr Jane Orient a tenté de faire passer Hillary Clinton comme étant « médicalement inapte à gouverner » après un évanouissement en 2016, durant la campagne présidentielle. Un des membres de l’AAPS a publié un photomontage de Barack Obama grimé en sorcier africain.
Une offensive appuyée contre les vaccins
L’association est, pour raisons idéologiques, opposée à la vaccination de masse, puisqu’il s’agit d’une ingérence de l’Etat.
Les éléments de langage de sa résolution du 28 octobre 2000 comporte les éléments que l’on retrouve actuellement pour critiquer les vaccin covid 19 :
- Pas de consentement éclairé (« Le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants augmente, et les enfants y sont assujettis sans consentement éclairé, y compris sur les effets adverses potentiels »)
- Vaccins non sûrs («La sécurité des vaccins est testée de façon limitée et les données ne sont pas disponibles pour une évaluation indépendante »)
- Expérimentation humaine : « La vaccination de masse est l’équivalent d’une expérimentation humaine et sujette au code de Nuremberg, qui requiert un consentement éclairé »
- Conflits d’intérêts : « Le process d’approbation et de recommandation des vaccins est teinté de conflits d’intérêts ».
Dans cette résolution, l’association parle de tous les vaccins, et non pas uniquement de vaccins récents ou sous « AMM conditionnelle ».
La responsable de l’AAPS, Jane Orient, a écrit plusieurs articles expliquant que l’obligation vaccinale était un sacrifice de la liberté – y compris concernant le vaccin contre la rougeole.
Par le biais de sa revue, l’AAPS a par ailleurs propagé plusieurs fakes news concernant les vaccins : Dans l’article « Early Downward Trends in Neurodevelopmental Disorders Following Removal of Thimerosal-Containing Vaccines”, publié en 2006 et considéré comme l’un des plus influents du mouvement antivax, se base sur la base de données VAERS (Vaccine Adverse Events Reporting Systems) pour lier les vaccins à l’autisme. L’étude a été critiquée de multiples fois à cause de sa méthode et de la mauvaise qualité de l’analyse. L’utilisation fallacieuse de la base de données VAERS est à l’origine de plusieurs articles de cette revue, et aujourd’hui à nouveau utilisée pour soutenir la théorie d’une extrême dangerosité des vaccins Covid 19. Dans d’autres articles, on retrouve l’argument de la « sous-notification », lui aussi à nouveau utilisé pour les vaccins covid19.
L’opposition aux vaccins ne se fait pas uniquement pour des considérations idéologiques libertaires, mais aussi morales : par exemple, dans la revue de l’AAPS, la vaccination contre l’hépatite B est critiquée car il s’agirait d’un « puissant agenda culturel […] basé sur l’hypothèse que chaque enfant aurait de fréquents changements de partenaires sexuels, se droguerait ou deviendrait professionnel de la santé ».
Le « marché du vaccin » est décrit en 2005 comme « la cible parfaite pour les bienveillants socialistes, car personne ne questionne un plan visant à empêcher des enfants de devenir handicapés ». Depuis 2000, l’argument des conflits d’intérêts avec Big Pharma est largement relayé par l’association.
L’AAPS s’est aussi opposé au vaccin obligatoire contre la papillomavirus, en arguant que l’argent aurait été mieux employé pour trouver un traitement ou payer des examens médicaux, que le vaccin n’était au mieux que partiellement efficace, que la protection n’était que temporaire et que des « boosters » seraient nécessaires, que les études concernant la sécurité étaient insuffisantes, et qu’il y avait des risques de maladies auto-immunes avec les boosters.
La politique de vaccination de l’OMS est largement critiquée, et même qualifiée de « méconduite criminelle » dans un article.
L’AAPS prétend par ailleurs que les décès de nourrissons dus au syndrome du bébé secoué sont en fait dus à des effets secondaires de vaccins, et publie dans sa revue des articles allant dans ce sens. Cet argument a été utilisé par Alan Yurko, qui avait tué son enfant, pour demander sa libération.
L’AAPS nie être « anti-vaccins », mais se déclare « pro-consentement éclairé ». Elle s’est cependant opposée à la lutte contre la propagation de fake news concernant les vaccins.
En 2019, le député américain Adam Schiff envoie un courrier aux dirigeants de Google et Facebook, en leur demandant de lutter d’avantage contre la désinformation au sujet des vaccins sur leurs plateformes. Il en envoie aussi une au dirigeant d’Amazon. Les plateformes décident alors d’agir. Amazon retire de la vente certains livres et films contenant de la désinformation vaccinale. Une plainte est alors déposée par l’AAPS, au motif que le député aurait violé leur liberté d’expression et d’association, et lui aurait fait perdre des revenus. Dans cette plainte, l’AAPS explique ne pas être « anti-vaccins », mais en faveur d’un consentement éclairé. L’AAPS explique avoir publié en février-mars plusieurs articles relatifs à la vaccination qui ont généré du trafic sur son site internet. A la suite des actions du député Schiff, le trafic vers leur site internet depuis Youtube et Google a baissé de 73% entre juin et décembre 2019, alors que les visites venant d’autres sources, tel que Bing ou DuckDuckGo étaient en augmentation. En mai 2019, Twitter place un avertissement sur les résultats de recherche d’un article de l’AAPS sur l’obligation vaccinale. En août 2019, Amazon stoppe le programme d’affiliation de l’AAPS. Sur Facebook, les recherches liées à l’AAPS mènent à des liens conduisant au site de l’OMS, de l’Institut National de la santé, et au CDCP. Le procès sera perdu par l’AAPS.
En 2011, l’AAPS a écrit une lettre aux autorités de santé du Colorado pour s’opposer à l’obligation de vaccination contre la grippe pour le personnel soignant. L’AAPS demandait la mise en place du « exemption philosophique » de cette obligation. L’AAPS mettait en avant une faible efficacité de la mesure sur les contaminations, des possibilités de réactions allergiques à cause des doses successives, une absence de données sur les effets de plusieurs doses, peu de données appuyant l’efficacité du vaccin.
La posture antivax de l’AAPS lui permet non seulement de renforcer son lobbying pour retirer tout contrôle étatique de la pratique de la médecine, mais lui a aussi permis d’améliorer sa visibilité et ses revenus.
Des membres très visibles durant la crise du Covid
L’AAPS étant la branche « médicale » du mouvement ultra-conservateur américain (les médecins de l’AAPS sont régulièrement appelés « les médecins du Tea Party »), la crise sanitaire leur a permis d’être mis en lumière. En effet, la plupart des grandes figures du complotisme de cette crise proviennent de cette association, sans qu’il ne soit fait mention de leur affiliation lorsque leurs propos sont relayés.
La Dr Simone Gold est en effet la fondatrice du mouvement « America’s Frontline Doctors » (AFLD), grand promoteur des traitements précoces et notamment de l’hydroxychloroquine, mêlé à une affaire de téléconsultations pour délivrance de traitements précoces où les traitements, facturés extrêmement cher, n’étaient pas envoyés. La Dr Simone a pris part à l’invasion du Capitole. L’AFLD a été mise en lumière lorsqu’une de ses vidéos, promouvant l’hydroxychloroquine et niant l’intérêt du port du masque, a été retweetée par l’ancien Président Donald Trump, entrainant une explosion du nombre de vues. Cette vidéo mettait aussi en avant le Dr Stella Immanuelle, une médecin affirmant que le sperme de démon est à l’origine de problèmes gynécologiques, et que l’homosexualité est l’agenda du Diable, entre autres théories. En France, le Dr Simone Gold a régulièrement la parole dans France Soir.
Le Dr Peter McCullough est aussi un grand promoteur de l’hydroxychloroquine. Il a publié plusieurs études en faveur des traitements précoces, et fortement opposé aux vaccins contre le covid, qu’il déclare dangereux. En France, il a été invité à intervenir lors d’une conférence de l’IHU Méditerranée-Infection, et est régulièrement mis en avant dans France Soir. Il est aussi semble-t-il lié à Topelia Therapeuthics, une entreprise cherchant à commercialiser les traitements précoces.
Le Dr Vladimir Zelenko est un grand promoteur des traitements précoces. En mars 2020, il a publié une vidéo expliquant traiter efficacement des patients à l’aide d’une combinaison d’hydroxychloroquine, d’Azithromycine, et de zinc, puis deux jours plus tard a écrit une lettre ouverte à l’ancien Président Donald Trump pour promouvoir son « traitement ». Dans une vidéo, il a expliqué que le vaccin allait tuer deux milliards de personnes.
Le Dr Joseph Mercola est un médecin ostéopathe connu depuis longtemps pour sa défense de la « médecine naturelle ». Il possède l’un des plus gros sites internets de « conseils en médecine naturelle », promeut depuis longtemps les « remèdes alternatifs » et a des positions anti-vaccin affirmées. Il possède aussi un site de vente de compléments alimentaires en ligne. En février 2021, la FDA a émis une lettre d’avertissement contre Mercola.com, pour vente illégale de produits faussement présentés comme luttant contre le Covid19. Il avait déjà, dans le passé, été averti plusieurs fois pour des raisons similaires. Les revenus de Mercola.com sont estimés à plus de 16 millions de dollars par an. L’entreprise du Dr Mercola était évaluée à plus de 100 millions d’euros en 2017. Selon une étude du Center for Countering Digital Hate, il fait partie du top 12 des plus gros propagateurs de fake news au sujet du Covid, tout comme sa compagne Erin Elizabeth, qui suggère régulièrement sur son propre site que les Rotschild et Bill Gates profitent du vaccin. Il est moins connu en France que les précédents, même s’il est régulièrement relayé dans des groupes de la sphère réinfocovid. Mercola.com a reçu 335 000$ de prêts « PPP Loans » destinés à soutenir les petites entreprises durant le covid sous l’administration Trump. Le Dr Mercola a donné plus de 4 millions de dollars à des organisations antivax, y compris le « National Vaccine Information Center », l’une des plus grosses sources de désinformation sur les vaccins au niveau mondial.
Le mois dernier, l’AAPS tenait son 78ème congrès annuel. S’y sont exprimés plusieurs des plus gros désinformateurs de la crise du Covid : Ryan Cole, Robert Malone, Lee Merritt (elle aussi membre de l’AAPS), Richard Urso, et évidemment Peter McCullough.
L’association fait aussi la promotion d’une pétition : la « déclaration des docteurs et scientifiques », demandant une liberté totale de prescription et de traitement, et de pouvoir mener librement des études « objectives et empiriques ». Parmi les signataires, on retrouve évidemment les médecins d’American Frontline Doctors, de l’AAPS, de la FLCCC et de Bird Group (les deux derniers groupes promeuvent principalement l’ivermectine), mais aussi le Dr Flavio Cadegiani, qui a dirigé l’étude sur le proxalutamide en Amazonas, étude dont l’Unesco suspecte qu’elle ait pu causer 200 décès. Il est potentiellement accusé de crime contre l’humanité.
L’AAPS a bien entendu publié de nombreux articles et tribunes vantant les « traitements précoces », remettant en cause l’utilité des masques, confinements et gestes barrières, et exacerbant la dangerosité des vaccins tout au long de la crise.
La promotion des traitements précoces est particulièrement importante pour l’AAPS : en effet elle permet de promouvoir la liberté de traitement, présentant les médecins prescripteurs comme des héros, tout en accusant l’Etat de tuer les personnes ne pouvant y avoir accès à cause de leur interdiction.
L’association a aussi mis en place un « guide des traitements Covid à domicile », mis en avant sur leur site, ainsi qu’un site internet, C19protocols, référençant médecins et services de télémédecine permettant d’obtenir les « traitements » pour le covid.
Les relais en France
En France, le professeur McCullough a acquis une très forte notoriété grâce à deux relais : France Soir et l’IHU Méditerranée-Infection. France Soir, avec BonSens.org, ont invité à plusieurs reprise le Pr McCullough pour des interviews, et relayé ses propos.
L’IHU Méditerranée Infection l’a fait connaître en l’invitant à s’exprimer lors d’une conférence. Le professeur Didier Raoult a par ailleurs plusieurs fois retweeté ses propos sur Twitter.
France Soir a par ailleurs invité plusieurs fois Simone Gold, et relayé les conférences de presse d’American Frontline Doctors.
Le covid 19, une occasion en or pour diffuser ses opinions
On retrouve de très nombreuses ressemblances entre les discours actuels sur les traitements, les vaccins, l’evidence-based medecine, et ce que publie l’AAPS depuis des années, avec une simple adaptation au contexte du covid. Le rejet des RCT est adapté en invoquant « l’urgence », « l’expérimentation humaine » des vaccins en invoquant « l’AMM conditionnelle », la liberté de traitements aux « traitements précoces »… On retrouve les mêmes argumentaires et les mêmes références. L’association, dont les rumeurs veulent qu’elle ait compté en son sein des membres de la John Birch Society, a gagné en visibilité avec la crise du covid. De nombreuses personnes ont été exposées à son discours sans savoir qu’il est dicté par une idéologie, et que les arguments utilisés sont utilisés depuis des années dans des contextes différents.
L’AAPS décrit ses membres comme « les quelques médecins qui croient encore en la médecine basée sur l’individu et pratiquée selon le serment d’Hippocrate », avec un culte du médecin « non-conformiste » et « intrépide » qui trouve seul le traitement miracle. Jane Orient dépeint régulièrement les membres de l’association comme des victimes attaquées par « la meute » et soumises à la « tyrannie », empêchant les praticiens de faire correctement leur travail. Depuis des années, l’association n’hésite pas à diffuser des fakes news médicales pour soutenir ses idées, que ce soit sur la liberté du médecin, la lutte contre l’Evidence Based Medecine, contre l’intervention de l’Etat, ou sur ses vues conservatrices. Malgré son discours sur l’attention au patient, elle n’hésite pas à prendre la défense de médecins ayant causé du tort à leurs patients, et exerce un lobbying actif pour caper les dommages et intérêts en cas d’erreur médicale.
La crise du Covid 19 a donné à l’AAPS une occasion en or de tenter d’imposer ses vues et de propager ses idées. Elle ne s’en est pas privé.
Article modifié le 03.11.2021 à 22h06 : “Dans une vidéo, il a expliqué que le vaccin allait tuer deux milliers de personnes” -> Dans une vidéo, il a expliqué que le vaccin allait tuer deux milliards de personnes.
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