La divulgation d’informations personnelles sur internet (ou “doxing”) devient une pratique de plus en plus courante. Des internautes prennent même un certain plaisir à divulguer les identités d’autres internautes qui utilisent un pseudonyme. Cela va de la simple intimidation aux menaces de morts en passant par des pressions sur l’employeur de l’individu ciblé.
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En 2017, 4 chercheurs américains ont publié une étude sur ce phénomène grandissant et mettent en lumière les motivations des “doxeurs” :
- La justice
- La revanche
- La politique
- La compétition
La motivation qui nous intéresse ici est la justice. Le doxeur révèle l’identité d’un internaute qui aurait mal agit envers une personne, sur les réseaux sociaux comme dans la vraie vie. A la fois juge, jury et bourreau, il se sent fort et intéressant au moment de sa révélation.
La plupart des cas de doxing qui apparaissent sur Twitter notamment, ne concernent pas “que” des affaires de viols, de meurtres ou de harcèlement. Le plus souvent, cela part d’échanges houleux sur des sujets qui divisent (comme l’HCQ ou Didier Raoult depuis la crise sanitaire). Des camps s’affrontent et des noms d’oiseaux s’échangent.
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La Stasi
Lorsque le doxeur a épuisé ses arguments, il préférera révéler l’indenté d’un internaute sous pseudonyme pour tenter de reprendre le dessus sur le débat déjà perdu et apporter de la crédibilité à ses dires. Une réaction à une menace personnelle, celle de ne plus être crédible sur les réseaux sociaux. Le fameux : “Je sais qui tu es, arrêtes de faire le malin, n’est-ce pas Monsieur X ?!”. Nous voilà ainsi de retour en 1950 à l’époque de la Stasi.
En toute illégalité, des individus recueillent, stockent et diffusent les informations personnelles d’internautes qui ne partagent pas leurs opinions. Une pratique de couard et de fourbe mais surtout dangereuse. Inutile de revenir ici sur les récentes conséquences d’une telle infamie…
Le pseudonymat
Le pseudonymat est un droit, celui de la vie privée. Derrière chaque pseudo, il y a un homme, une femme, un trans, un gay, une lesbienne, un collectif, un handicapé, un père, une mère, avec un travail ou non. Derrière chaque pseudo, il y a une vie. (ou un bot, mais là n’est pas le sujet). Une vie que des individus souhaitent garder privée soit par pudeur, par crainte ou par intérêt. De quel droit, des lâches qui préfèrent fuir le débat font-ils voler en éclat ce dernier rempart d’accès à la vie privée qu’est le pseudonymat ?
Le pseudonymat revêt également une forme de devoir. Avancer à visage couvert désinhibe certains individus. Il est évident qu’utiliser le pseudonymat pour commettre des méfaits relève tout autant de la lâcheté que le doxing. Mais il s’agit là de cas extrêmes de cyber harcèlement, de discours de haine, de sexisme etc… Le pseudonymat ne change rien au sens des propos émis globalement. Que penser alors des noms d’emprunt pour certains écrivains, artistes ou journalistes ?
Il faut foutre la paix aux pseudos sur les réseaux sociaux. Et si certains dépassent les limites imposées par loi, il y a des réponses judiciaires.
Cessez donc de jouer aux justiciers messieurs les doxeurs. Cela fait des vous des justiciables et des lâches.
A toutes fins utiles : https://www.cnil.fr/fr/les-sanctions-penales
Illustrations : @Procto_Log – @Wlad Tepes
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